Faut-il des entreprises à responsabilité sociétale illimitée ? Depuis près d’un demi-siècle, ce débat oppose ceux qui estiment que la seule responsabilité est à l’égard des actionnaires aux tenants d’une responsabilité élargie à l’ensemble des parties prenantes. Aujourd’hui, le concept d’entreprise sociétalement responsable s’est largement imposé dans les différents pays. L’entreprise doit assumer des responsabilités réglementaires, économiques, sociales, sociétales et environnementales. Une entreprise socialement responsable est consciente des conséquences de ses actions. La RSE se décline à trois grands niveaux : une responsabilité à l’égard des salariés, à l’égard de la société et à l’égard de l’environnement. L’adoption d’une démarche de RSE peut être motivée par la pression de la règlementation :
- Les entreprises s’efforcent de respecter la conformité légale
- les pressions des parties prenantes et le besoin de renforcer leur légitimité.
L’intérêt économique d’une politique RSE est de plus en plus souvent évoqué. Une question mérite d’être posée aux chercheurs et aux praticiens : un engagement fort en RSE (Responsabilité Sociale, Sociétale et Environnementale) peut-il contribuer à la performance globale de l’entreprise ? Il est essentiel de mesurer les effets d’une démarche de RSE sur la performance globale et d’en expliquer les processus. La diversité des regards réunis dans cet éditorial permet d’alimenter la réflexion des parties prenantes.
Nehmé AZOURY souligne que la Responsabilité Sociale vise à réduire les impacts pervers des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société globale, tout en n’excluant point leur essor financier et économique. Pierre BARET insiste sur l’importance des outils comptables à même de mesurer les dimensions extra-financières.
Nicole BARTHE affirme que l’impact économique produit par la RSE se confirme par l’intérêt croissant des consommateurs ou des investisseurs pour ce type d’« organisations engagées ». Il se traduit par la montée d’un certain nombre d’indices boursiers..
Selon Marc DELUZET, quatre enjeux s’avèrent cruciaux pour optimiser la contribution qu’apportent les politiques de responsabilité sociale à la performance globale de l’entreprise : retenir une conception élargie de la performance et de la création de richesses ; mettre le développement humain au cœur du travail ; développer le partenariat entre entreprises pour innover et améliorer le service aux clients le long des chaînes de valeur ; développer le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes.
Anne-Marie FRAY rappelle que le concept de performance de l’entreprise est renouvelé sous la pression du besoin nécessaire de son acceptabilité et de sa légitimité sociale demandée par le salarié. A travers le management responsable, la RSE n’est plus une affaire de spécialiste, mais bien une dimension universelle au service d’une performance globale revisitée dans sa finalité.
Jean-Michel GARRIGUES revient sur l’évaluation de la responsabilité sociétale et environnementale qui fera probablement partie des indicateurs de la prochaine norme internationale en matière de gouvernance humaine.
Pour Jacques IGALENS, il ne s’agit plus de mesurer et de constater ou non des corrélations, il s’agit de comprendre, d’expliquer et surtout de mobiliser. Il faut savoir raconter une histoire : pour quelles raisons telle ou telle action de l’entreprise qui s’inscrit dans le cadre de sa politique de RSE aura un impact sur ses résultats économiques. C’est ce qu’il nomme « les scripts du business case ».
Avec Michel JORAS, la croissance inclusive ne peut se déployer qu’avec l’appui d’un engagement fort de toutes les parties prenantes à la RSE de l’entreprise sous le leadership des dirigeants et des fonctions support à partir d’une vision partagée et proclamée, de valeurs établies.
Emmanuel KAMDEM montre que la RSE est une préoccupation croissante dans les entreprises camerounaises. Longtemps considérée comme une activité initiée et développée sous l’impulsion des firmes multinationales étrangères, dans leurs discours et leurs pratiques sur le développement durable, la RSE se développe progressivement dans les petites et moyennes entreprises locales qui constituent l’ossature principale de l’économie du pays.
Erick LEROUX insiste sur les nombreux avantages de la RSE : augmentation des ventes, renfort de l’image de marque, attractivité des investisseurs, capacité à attirer et fidéliser les talents.
Selon Bouchra MZALI, être socialement responsable peut être créateur de valeur si cet engagement est centré sur les dimensions « prisées » du moment, cependant sa contribution à la performance globale de l’entreprise variera selon le niveau dudit engagement et du secteur d’activité, et cet engagement n’aurait probablement aucun effet s’il vise des « composantes moins prisées de la RSE ».
Jean-Jacques ROSE souligne que la RSE doit demeurer un impératif catégorique et non un facteur de production facultatif.